En appui de l’opération Foot à l’école lancée à la rentrée 2016, un stage de 3 jours réunit chaque début janvier au centre national du football de Clairefontaine des cadres de la FFF, de l’Éducation nationale et des fédérations scolaires. Ervin Tursic, délégué Usep du Rhône et de la Métropole de Lyon, y participe cette année pour le comité régional Auvergne-Rhône-Alpes. Il explique comment cette formation de formateurs a contribué à diffuser l’approche éducative du football développée par l’Usep.

Ervin, tu as déjà participé en 2019 au Programme national football en milieu scolaire, en alternance avec d’autres délégués Usep d’Auvergne-Rhône-Alpes : quel en est le principal intérêt ?

L’échange de pratiques entre les différents territoires et les relations avec l’UNSS, le rectorat et la Fédération française de football : on apprend à se connaître sur le territoire régional et académique. C’est particulièrement important sur un territoire aussi vaste que la région Aura.

Avec un impact sur la façon de décliner l’activité football sur le terrain ?

Oui. Nous portions par exemple au niveau régional le football coopétitif, où des cartes « coup de pouce » et « coup d’éclat » permettent de rééquilibrer le rapport de force entre deux équipes au cours d’un match : une « révolution culturelle » alors loin d’être gagnée ! Mais nos échanges avec la Ligue de football et les mises en œuvre sur le terrain ont permis d’uniformiser nos pratiques, y compris à l’Usep, où certains comités ne faisaient pas encore rayonner ce football coopétitif. Et si la FFF a fait un pas vers nous, en son sein les choses avaient déjà beaucoup évolué, à l’initiative de cadres des Ligues (régionales) et des districts (départementaux) souvent issus des Staps ou de l’Éducation nationale. L’approche Usep faisait sens pour eux.

 

Cela s’est donc traduit sur Foot à l’école

Oui. En Auvergne-Rhône-Alpes, les éducateurs de club doivent d’ailleurs suivre un cursus de 16 heures sur l’opération et sur la démarche « premier degré » avant d’intervenir en EPS ou sur les rencontres Usep : 2 journées durant lesquelles nous venons expliquer avec les représentants de l’Éducation nationale les spécificités de l’école, du « public classe » et de l’Usep. À raison de 1 ou 2 formations régionales par an, les éducateurs de football appréhendent mieux aujourd’hui le milieu scolaire et ses attentes.

Que représente l’opération dans le Rhône ?

Nous avons démarré en 2016 avec une dizaine de classes. Cela a ensuite grimpé jusqu’à une quarantaine avant de retomber autour de 25-30 avec le Covid. Les points forts de Foot à l’école sont le projet culturel et les dotations en matériel sportif et pédagogique, avec de notre part un accompagnement des enseignants, conjointement avec les conseiller pédagogiques de circonscription (CPC EPS).

Comment cela se déroule-t-il pour une classe ?

Les classes participent à un cycle football dans le cadre de l’EPS, en autonomie ou avec l’appui d’un éducateur de club formé au milieu scolaire. Toutes ne sont pas affiliées à l’Usep, mais elles doivent l’être pour participer aux rencontres départementales que nous coorganisons avec les districts. Dans le Rhône, nous en organisons généralement deux.

À quoi ces rencontres Foot à l’école ressemblent-elles ?

Elles se déroulent sur la journée, autour d’un tournoi coopétitif organisé par poules de 4 équipes, mixtes et de niveau homogène (CE1-CE2 et CM1-CM2). C’est du foot à 5, avec 4 joueurs de champ et 1 gardien qui défend sa « cage » et deux autres petits buts sur les côtés, sachant que dans un cas le but marqué vaut trois points, et dans l’autre un seul. Nous sollicitons aussi les collégiens UNSS des sections sportives football pour aider les jeunes usépiens à arbitrer les rencontres, ce qui n’est pas toujours simple. Sur l’autre demi-journée, les enfants participent à des ateliers associatifs – un débat par exemple – et de découverte : foot-golf, foot en marchant, ou sensibilisation au handicap à travers le cécifoot. Sans oublier la valorisation des productions culturelles réalisées par les classes sur le thème d’année, qui l’an passé portait sur l’éco-citoyenneté.

Le football a pourtant longtemps pâti d’une image très négative auprès des professeurs des écoles…

C’est vrai. Moi qui suis issu du football – j’ai pratiqué, entraîné des équipes de jeunes, passé le brevet d’État et fait partie de l’équipe technique du district du Rhône –, il m’a fallu être très patient pour faire accepter l’activité dans les enseignements du premier degré, tant de la part des représentants de l’inspection académique (conseillers pédagogiques départementaux et de circonscription) que des enseignants, qui ne voyaient que le foot spectacle, bling-bling, et ses déviances, comme le rapport à l’argent. Personnellement, je crois aux fondements éducatifs du football, qui est le sport le plus pratiqué1 et possède un très fort impact social. À mon sens, ne pas l’utiliser comme support éducatif à l’école et à l’Usep serait faillir à notre mission de service public.

(1) En 2021-2022, 70 % des comités Usep ont organisé des actions partenariales dans le cadre de la convention nationale signée avec la FFF, ce qui en fait la 2e activité après le rugby. On recensait ainsi 333 rencontres football, 105 580 participations d’enfants (7,1% des participations à des rencontres Usep, essentiellement en élémentaire) et 1 860 participations d’écoles.

Contribuer à la formation continue des enseignants et animateurs

Le Programme national de formation (PNF) « football en milieu scolaire » est à la fois une formation de formateurs et un outil de mise en réseau entre la FFF, l’Éducation nationale et les fédérations sportives scolaires (Usep, UNSS, Ugsel et l’AEFE, Agence pour l’éducation française à l’étranger). Chaque partenaire participe au comité de pilotage puis à l’organisation et à l’animation de ce stage de 3 jours qui vise à faire évoluer les pratiques à travers la formation continue des enseignants et des animateurs des associations d’école. Le thème 2023 est ainsi énoncé : « En quoi les pratiques des footballs et les valeurs qu’ils véhiculent (olympisme, République, fédération) peuvent concourir à l’inclusion et au développement/transformation de l’élève dans son parcours ? »

La présidente de l’Usep Véronique Moreira, le directeur Jérôme Vandenabeele, l’adjoint à la direction nationale Lewis Nicol et les vice-présidents en charge de la vie sportive et de la pédagogie-recherche, Patrick Morel et Geoffroy Noir, y interviendront pour défendre une pratique du football permettant à tous les publics scolaires de prendre du plaisir et de développer des compétences motrices et éducatives. S’il permet de développer des habiletés spécifiques liées à la manipulation du ballon avec le pied, comme tout sport collectif le football permet en effet de vivre des émotions au service de la formation du citoyen. Il s’agit ainsi de montrer que le football a toute sa place dans l’éducation des jeunes, au-delà de l’image négative parfois véhiculée par sa pratique au plus haut niveau.