La «stratégie de développement», la «dynamique 2024» et la «rencontre sportive associative» étaient les trois thèmes du rassemblement des responsables départementaux et régionaux de l’Usep, vendredi 7 et samedi 8 octobre au CISP Ravel à Paris. Alors que la relance des activités observée en 2021-2022 incite à l’optimisme, les travaux en atelier ont permis des échanges en profondeur sur les expériences et les stratégies locales. Il en ressort que la dynamique olympique prend sur le terrain, autour de l’objectif confirmé de 2024 rencontres Usep en juin 2024. Résumé en quelques mots-clés.

Participatif. Le rassemblement de rentrée a réuni 181 représentants départementaux et régionaux: deux demi-journées où les temps de plénière étaient réduits au minimum et où chacun a successivement participé aux trois ateliers proposés, au sein de groupes aux effectifs limités afin de favoriser l’expression. Durant ces ateliers conjointement animés par les membres du comité directeur et de l’équipe nationale, les participants étaient aussi invités par moments à échanger à deux, quatre ou six sur une question spécifique. Cela a encouragé la confrontation des expériences et des stratégies, parfois très différentes d’un comité à l’autre, et la mise en commun des idées.

Stratégie de développement. Pour certains comités, l’heure est à la « reconquête des licenciés » après deux années éprouvantes. Dans le même temps, « en dépit d’un contexte sanitaire compliqué, d’autres comités en ont au contraire gagné, parfois après avoir engagé des politiques nouvelles. Par exemple autour du Savoir Rouler à Vélo, en consacrant à ces actions une partie du temps du délégué ou en trouvant des solutions pour lui adjoindre des moyens humains supplémentaires », souligne Dominique Caron.

Le secrétaire général de l’Usep observe au passage que les comités dont les activités se déploient principalement hors temps scolaire éprouvent davantage de difficultés à retrouver leur rayonnement antérieur. « C’est également vrai de ceux dont le modèle économique n’a pas muté en se tournant vers des dispositifs permettant d’obtenir des subventions ou de développer de l’emploi. À ce titre, j’ai parfois été surpris que des départements en développement envisagent de limiter les adhésions, faute de moyens humains suffisants. »

Étude de cas. L’atelier sur la stratégie de développement s’est appuyé sur la projection de tableaux de bord fictifs correspondant à 4 études de cas pointant 4 problématiques différentes : la perte de moyens (au sein de la délégation), de subventions (brusquement supprimées), d’activité (après la pandémie) et d’actions (le comité n’ayant plus les moyens de les conduire, alors même qu’il progresse côté associations et licenciés). « La réponse peut consister en la redéfinition des missions du délégué et la sectorisation, avec des rencontres de moindre ampleur organisées localement de manière autonome, à côté des rendez-vous départementaux », explique Dominique Caron. Parfois, la mise en évidence des difficultés rencontrées par certains permet aussi de relativiser les siennes…

Dynamique 2024. L’an dernier, la dynamique 2024 destinée à accompagner les Jeux olympiques de Paris avait rencontré une adhésion mesurée de la part de comités départementaux encore « sonnés » par la pandémie. Un flottement dû au fait que l’urgence était alors la reprise des rencontres sportives plutôt que les modalités de l’accompagnement d’une échéance encore lointaine. Est-ce parce que les Jeux approchent à grand pas ? Toujours est-il que désormais « la motivation est là. Les gens se sont pleinement approprié l’objectif commun d’organiser, en juin 2024, 2024 rencontres répondant le plus possible au principe de la participation active des enfants. Un cahier des charges sera élaboré, avec une « empreinte olympique«  commune à toutes ces rencontres, et peut-être aussi une mascotte pour faire le lien. Cela reste à construire, mais les gens sont à fond. Les enfants font leurs jeux, c’est d’ores et déjà davantage qu’un slogan ! », se félicite Laurence Filippi, élue nationale en charge de la communication. Il est également question d’un fil rouge courant tout au long de l’année scolaire, jusqu’à l’apothéose de juin. D’ici là, la Semaine olympique et paralympique et la Journée olympique d’avril et juin 2023 donneront l’occasion de tester certaines idées en conditions réelles.

Rencontre sportive associative. Peu à peu, le concept de rencontre sportive associative (RSA) s’incarne sur le terrain à l’initiative d’enseignants convaincus de l’intérêt pédagogique de rendre les enfants à la fois acteurs et auteurs de leur rencontres. « Je suis heureux de constater que la RSA a pris, avec de vraies réussites, même s’il demeure des freins, des difficultés de mise en œuvre et la crainte que celle-ci ne soit chronophage », observe Geoffroy Noir, vice-président de l’Usep en charge de la Pédagogie-Recherche. Fini en tout cas les objections de principe devant un modèle jugé « trop compliqué » : à l’écoute d’exemples concrets, les esprits ont évolué. « Il est évident qu’on ne peut pas organiser uniquement des rencontres sportives associatives et que celles-ci relèvent davantage d’organisations locales, avec des effectifs limités et l’engagement d’animateurs prêts à laisser davantage de place aux enfants dans la conception des rencontres. Le développement des RSA passe aussi par une prise de conscience des élus des comités départementaux, afin qu’ils missionnent aussi le délégué pour accompagner les associations, et que le partage d’expériences concluantes fasse boule de neige », pointe Geoffroy Noir.

Rien d’impossible non plus pour la « touche olympique » ajoutée à la RSA dans le cadre de la dynamique 2024. Il peut s’agir par exemple d’un focus sur l’histoire d’un sport, en faisant le lien avec le programme olympique et en se projetant vers les Jeux de Paris. Témoignages de champions, créations plastiques, littérature jeunesse, ateliers d’écriture ou débats associatifs, les suggestions de manquent pas.

Enfin, il existe de multiples façons de donner une dimension « famille » aux rencontres. « Là encore, pas de modèle unique. Cela peut prendre la forme d’une pratique intergénérationnelle ou d’ateliers animés par les enfants pour leurs parents à l’issue de la rencontre à laquelle ils viennent de participer », souligne Geoffroy Noir. Il est aussi question de transformer les kermesses de fin d’année en rencontres sportives où ce ne sont plus les adultes qui animent des stands mais les enfants qui font « bouger » petits et grands.

Optimisme. En préambule des travaux sur la stratégie de développement, les participants étaient invités à se positionner sur une « réglette Usep des ressentis » transformée en baromètre du moral des comités par rapport aux campagnes d’affiliation 2021-2022 et 2022-2023. « Tant pour le bilan de l’an passé que pour les perspectives d’avenir, le positionnement des post-it traduit un véritable optimisme, analysent Charlotte Carré et Laurent Muguet, co-animateurs de l’un des ateliers parmi d’autres élus nationaux. Peut-être parce que nos militants et nos professionnels ont le sentiment d’appartenir à un mouvement où on se sent bien ensemble, ce qui aide à penser qu’on trouvera collectivement des solutions. »

Sport à l’école. Le samedi midi, à l’issue d’une rapide restitution des travaux, Véronique Moreira a conclu le rassemblement. Après avoir détaillé plusieurs points d’actualité2, la présidente de l’Usep a constaté avec plaisir que « le sport à l’école devient un vrai sujet ». Et si « l’Usep n’est plus considérée comme l’acteur unique », son expertise est en revanche davantage reconnue, notamment pour déployer le Savoir Rouler à Vélo. L’Usep n’est plus ressentie comme « un passage imposé » mais elle est devenue « un choix éclairé » de la part des collectivités territoriales et des fédérations qui la sollicitent. De quoi motiver encore un peu plus les troupes d’ici l’assemblée générale d’Aix-les-Bains d’avril prochain.

(1) Dont 66 président.es et 82 délégué.es, pour 93 comités représentés. (2) Embauche d’une responsable de la communication au sein de l’équipe nationale ; renforcement du partenariat avec Decathlon Pro ; réflexion sur les opérations nationales ; conventions de partenariat (avec la Fédération française de cyclisme, le Secours populaire et l’UNSS) ; impact pour le premier degré de l’expérimentation des « 2 heures de sport au collège), etc.

 

Avec les encouragements du ministère et de Paris 2024

En ouverture du rassemblement, Jean Hubac a souligné au nom de la Direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco) la contribution apportée par l’Usep aux savoirs fondamentaux en prolongement de l’EPS, et tout particulièrement l’appui apporté au Savoir Rouler à Vélo. Le chef du service de l’accompagnement des politiques éducatives a aussi insisté sur le rôle que les animateurs de l’Usep peuvent jouer dans l’accompagnement des 30 minutes d’activité physique quotidienne, et souhaité que celle-ci soit à l’avenir davantage associée aux actions de formations de l’Éducation nationale. De son côté, Emmeline Ndongue, cheffe de projet éducation au sein de Paris 2024, a salué le précieux concours des comités et des associations Usep pour donner toute son ampleur à la Semaine olympique et paralympique, qui en 2023 sera décalée de février à avril pour favoriser les évènements en plein air.