Une quarantaine de correspondants régionaux de l’Usep et de la Fédération française de voile étaient réunis du 27 au 29 septembre sur la base nautique de Vaires-sur-Marne (77) pour travailler au développement de la voile scolaire. À quelques semaines du départ de la Route du Rhum, le 6 novembre à Saint-Malo, il s’agissait de tisser du lien entre les deux fédérations afin de transformer l’engouement des enseignants pour la déclinaison virtuelle des courses au large en pratique «réelle» avec leur classe. Débriefing avec Bernard Colmont, élu national Usep chargé du suivi de l’activité.

« Comment développer la voile scolaire ? » : Bernard Colmont, l’objectif de ce séminaire, le premier du genre, était-il de répondre à cette problématique ?

Oui, mais pas seulement. Le premier objectif était de créer du lien entre les réseaux Usep et FFVoile. Mais pour quoi faire ? Évidemment pour développer la voile scolaire : si des classes ne s’engagent pas dans la pratique de la discipline, nous ne pourrons pas organiser de rencontres Usep. Mais dans un premier temps, il était indispensable d’apprendre à « se connaître et se reconnaître », comme je l’ai souligné en ouvrant ce séminaire : c’est pourquoi nous avons identifié et convié un représentant régional pour chaque structure, afin de s’appuyer sur des binômes, y compris outre-mer1. J’ai également longuement expliqué ce qu’était l’Usep, d’où nous venions. Et lorsque nos partenaires ont pointé les freins liés aux contraintes, juridiques notamment, propres au cadre de l’école, la conseillère pédagogique départementale de Seine-et-Marne a pu donner des éléments le fonctionnement de l’institution scolaire.

Le partenariat Usep-FFVoile se traduit aujourd’hui par la participation, une fois par an, de classes Usep à une course virtuelle, avec un classement spécifique sur l’application Virtual Regatta. Cela a-t-il eu un impact significatif sur le nombre de classes de voile ?

C’est difficile à mesurer, mais effectivement la participation aux courses au large avec l’application Virtual Regatta est depuis plusieurs années notre point d’entrée. Cela donne envie à des enseignants, y compris ceux qui ne connaissent pas la voile, de s’engager dans la course et, au-delà, dans un projet interdisciplinaire. Nos partenaires de la FFVoile ont bien compris qu’on n’accroche pas les enseignants par la seule activité sportive, mais en inscrivant celle-ci dans un projet de classe où l’enseignant l’utilisera comme support pour rendre plus concret l’enseignement des maths, du français, de l’histoire-géographie et du développement durable, à partir de l’environnement marin. La FFVoile travaille aujourd’hui sur des kits à proposer aux enseignants en ce domaine et, lors de la journée des ambassadeurs programmée à la veille du départ de la prochaine Route du Rhum, les classes bretonnes invitées à Saint-Malo seront accueillies sur le stand de Surfrider, ONG consacrée à la protection des océans. Nous avons aussi insisté sur notre projet de rendre l’enfant à la fois acteur et auteur de ses rencontres, et d’en faire un citoyen averti. La rencontre sportive associative voile reste à construire, mais le cap est fixé.

Chaque fédération a présenté son projet : coïncident-ils forcément ?

La FFVoile a présenté le pôle éducatif mis en place lors de l’actuelle mandature, avec une vice-présidence exercée par Pierre Leboucher, ex-enseignant et ex-délégué départemental Usep en Côtes-d’Armor. Ce pôle, qui dépasse le seul cadre de la voile scolaire et concerne aussi les écoles de sport, s’est engagé dans une collecte de toutes les initiatives pédagogiques menées dans les territoires. Les outils supports de la voile scolaire datent d’une vingtaine d’années, qu’il s’agisse des publications de la revue EPS ou de la mallette proposée sur le site de la FFVoile. S’ils demeurent pertinents, il y a aussi des idées et des pratiques innovantes à piocher sur les territoires pour constituer une boîte à outils rénovée et enrichie.

Sinon, on continue toujours avec Virtual Regatta…

Plus que jamais, car cela permet d’intéresser des enseignants néophytes ! Nous donnons leur contact à la FFvoile, charge à ses correspondants départementaux de se rapprocher d’eux et de proposer un accompagnement pour « passer du virtuel au réel », ambition à laquelle l’Usep souscrit elle aussi.

Peut-on mettre en avant des initiatives de comités Usep ?

C’est un peu prématuré. La commission mixte, qui se réunira début décembre durant le Salon nautique, s’attachera à la fois à faire un bilan de la course virtuelle organisée en appui de la Route du Rhum et une synthèse des travaux du séminaire2.  Mais on peut d’ores et déjà citer l’Usep Yvelines (dont le projet est l’un de plus aboutis), les Hauts-de-France (où les interlocuteurs de la FFVoile sont particulièrement motivés), ou la Provence-Alpes-Côte-d’Azur (avec un projet de voile en famille en lien avec l’accueil à Marseille des épreuves nautiques des Jeux olympiques et paralympiques 2024).

Cela signifie-t-il que la région est l’échelon le plus pertinent ?

La région peut impulser des actions, en s’efforçant de faire rayonner sur l’ensemble de son territoire ce qui se fait localement. L’Auvergne-Rhône-Alpes souhaite ainsi s’inspirer de ce qui se fait déjà en Haute-Savoie, avec des formations d’enseignants pour que ceux-ci puissent accompagner leurs élèves sur l’eau.

(1) En particulier la Guadeloupe et la Martinique.

(2) Ces travaux ont notamment été menés en petits groupes lors d’ateliers portant sur différents thèmes : développement durable ; inclusion ; projet interdisciplinaire ; itinérance (lorsque matériel et moniteurs se déplacent sur des plans d’eau intérieurs sans base nautique pour aller au plus près des écoles) ; rencontre sportive associative voile ; carte passerelle (et au-delà la passerelle entre l’école et l’école de voile).

 

Et l’Éducation nationale ?

« Il était important d’avancer d’abord à deux, d’apprendre à mieux se connaître, mais l’Éducation nationale est bien évidemment un partenaire indispensable. D’ailleurs, outre la présence d’une des conseillères pédagogiques départementales EPS de Seine-et-Marne, l’inspecteur de la circonscription de Meaux a participé à l’ouverture et la clôture du séminaire. Il souhaite développer conjointement sur sa circonscription la participation aux courses virtuelles et les activités nautiques. Bien évidemment, dès que nous aurons défini le cap et les moyens, l’Éducation nationale a vocation à embarquer avec nous ! »