Enseignants fraîchement titularisés, ils sont tous deux passés par la filière Staps : le profil-type des « postes à mission Usep » de la Gironde, qui prévoient l’animation de 3 heures d’activités sportives hebdomadaires après l’école. Charlotte Frérot les encadre à Cenon, dans la banlieue de Bordeaux, et Adrien Bidon dans le petit village de Léogeats, tout au sud du département. Comme c’est totalement bénévole, il faut avoir la vocation !

Elle a connu l’Usep comme élève à Gujan-Mestras, avant d’encadrer des rencontres départementales pendant sa licence Staps. Mais, sans l’insistance d’une collègue de l’établissement où elle effectuait son année de stage, la jeune professeure des écoles n’aurait probablement pas eu l’idée de postuler à un poste Usep. « Elle trouvait que j’avais tout à fait le profil », explique Charlotte Frérot, 24 ans, nommée à la rentrée à l’école Van Gogh de Cenon, classée en réseau d’éducation prioritaire (Rep).

L’école compte 13 classes, dont son CM1-CM2, et possède une association Usep qui, grâce à Charlotte, propose désormais aux 70 enfants licenciés un rendez-vous hebdomadaire en plus du programme annuel de rencontres sportives. Le mardi de 17 h à 18 h 15 pour les CE1-CE2, et le jeudi aux mêmes horaires pour les CM1-CM2. « Cela se déroule généralement dans la cour de récréation, pour ne pas perdre de temps » précise la jeune enseignante, qui a bénéficié pour ses premiers pas des conseils d’une collègue plus expérimentée. « Elle-même a occupé il y a quelques années un poste Usep à Libourne. Cela a facilité mes premiers mois. Désormais, le rituel est bien établi, les élèves sont contents et les séances très attendues. C’est gratifiant. »

Tant mieux, car ces heures ne donnent lieu à aucune indemnité. « C’est du temps et de l’investissement auprès des élèves, mais c’est justement le rapport noué avec eux qui est motivant. Gymnaste, j’ai entraîné des jeunes en club et ça m’avait beaucoup plu. Je m’étais dit qu’une fois enseignante, j’aimerais apporter ce genre de contribution. Le poste à mission Usep m’en a donné l’occasion. Et aussi offert l’opportunité d’être nommée dans une école située près de mon domicile, ce qui n’est pas négligeable. »

Adrien, un jeune enseignant aux champs

L’environnement dans lequel évolue Adrien Bidon est fort différent. Le village de Léogeats compte à peine 800 habitants et l’école – 4 classes, 87 élèves – est en regroupement pédagogique intercommunal (RPI) avec sa voisine de Budos. Pour lui aussi c’est son premier poste, mais à 25 ans Adrien a un peu plus de bouteille que sa collègue : cela va faire trois ans qu’il accueille le mercredi matin les 35 enfants licenciés à l’Usep. « Les CP-CE1 de 9 à 10 heures, puis les grands jusqu’à midi. Ce à quoi s’ajoutent pour le plus grand nombre d’enfants les rencontres départementales ou de secteur et les grands rendez-vous que sont la Journée nationale du sport scolaire, la Semaine olympique et paralympique et la Journée olympique du 23 juin. Je m’efforce de jouer la continuité entre temps et hors temps scolaire. Pour la JNSS, c’était par exemple une journée d’initiation et de découverte le mercredi, et une randonnée organisée un autre jour pour toutes les classes. »

Titulaire d’une licence Staps éducation motricité, Adrien a connu l’Usep par porosité, durant ses années de collégien licencié à l’UNSS : « Quand je me suis orienté vers le 1er degré, j’avais déjà l’Usep en tête. Et, dès mon année de stage, j’ai passé les entretiens pour un poste Usep. »

L’école rurale dans laquelle il a atterri était déjà labélisée Génération 20241, et ses collègues investis dans le sport scolaire sur le temps de classe. Un dynamisme qui se retrouve dans l’association de secteur du Langonnais, où aux côtés de son directeur il contribue à organiser des rencontres et des formations d’enseignants. « Nous avons aussi adapté, à notre échelle, le concept d’e-rencontre développé en Gironde lors du confinement. Pour ces rencontres à 3 ou 4 classes, explique-t-il, chaque enseignant dépose une activité dans un padlet. Des ressources enrichies chaque année dans lesquelles chacun peut ensuite aller piocher. Pour nos écoles rurales, ce concept d’e-rencontre est une façon de contourner l’épineux problème du coût des transports. Même si, enfants comme enseignants, nous préférons tous les rencontres en présentiel ! »

Comme pour sa jeune collègue de Cenon, son engagement bénévole repose sur une expérience personnelle et des convictions. « Je fais cela parce que le sport est un vecteur éducatif pour les enfants : se dépenser, se rencontrer, partager. J’ai aussi gardé des souvenirs très forts de mes années de sport scolaire, et je me sens d’autant plus utile qu’il n’y a pas d’association sportive à Léogeats. À Langon, oui, mais c’est à un quart d’heure de voiture. Et le coût très réduit de la licence Usep contribue aussi à rendre la pratique accessible à tous », insiste Adrien. Son objectif est de faire découvrir un maximum d’activités aux enfants afin qu’ils puissent ensuite choisir : « Après avoir fait du handball avec moi, une fois au collège beaucoup se sont tournés vers sa pratique à l’UNSS ou en club. Pareil pour l’athlétisme. Pour faire le pont, je leur explique toujours que l’UNSS est le prolongement de l’Usep. »

Au-delà du plaisir et de l’épanouissement des enfants, ce qui entretient sa motivation est aussi l’appui des parents, pour encadrer les activités du mercredi matin comme pour animer l’association : « C’est important qu’ils puissent s’investir dans le bureau, apportent un soutien pour les tâches administratives et soient partie prenante des choix de gestion. Cela me soulage, explique Adrien. Je sais aussi que, plus les parents d’élèves seront investis dans l’association, plus ce sera facile pour celui ou celle à qui je passerai le flambeau. Même si je compte bien continuer encore quelques années ! »

(1) Tout comme l’école Van Gogh de Cenon.