Deux albums des éditions Hatier et Quelle Histoire proposent les portraits de 100 grands sportifs et sportives, tandis que Gallimard Jeunesse met en fiche 40 champions olympiques. Trois ouvrages qui mettent en valeur la variété des disciplines sportives et racontent des destins auxquels les enfants peuvent s’identifier, et y trouver l’envie de pratiquer.

Traduit de l’italien, 100 sportifs qui ont marqué l’histoire (Hatier, 2019) est notre coup de cœur. Pas tant pour sa couverture, où Kylian Mbappé, star incontestée des cours de récré, lève les bras en vainqueur, que pour la façon dont Giorgio Cabello réussit à conter toute une vie en un feuillet. Jugez de ses accroches : « La mère de Shaun [White] est loin de s’imaginer que son fils, après deux opérations à cœur ouvert, puisse devenir un jour snowboarder. » Ou bien : « En 1946, la Major League de baseball comptait 16 équipes pour un total de 400 joueurs, tous blancs, jusqu’à ce que Branch Rickey, le président des Dodgers, appelle Jack, surnommé « Jackie » [Robinson], dans son bureau. » Ou encore : « La vie de Simone [Biles, gymnaste américaine multimédaillée] ressemble à un conte de fée avec une fin heureuse. » Qui n’a pas envie d’en savoir davantage ?

Inspirés et variés dans leur cadrage, les dessins donnent de l’épaisseur au texte et aident à entrer dans le personnage, tandis que chaque double page est ponctuée d’une phrase, entre teasing et morale : « Tu aimeras l’histoire [de Roger Federer] parce qu’au tennis, avant même de battre son adversaire, il faut lutter soi-même ». De même, on retient de la carrière du footballeur brésilien Pelé « qu’un enfant maigre comme un clou peut enflammer une nation entière grâce à ses exploits ». Quant à la taekwandoïste iranienne Kimia Alizadeh Zenoorin, sa médaille aux Jeux de Rio 2016 n’est-elle pas la preuve que « la valeur d’une victoire sportive dépasse toute différence de genre, de nationalité ou de religion » ?

Escrime, cyclisme, voile, badminton, polo, escalade, course automobile… La diversité est aussi au rendez-vous des 100 grands sportifs de l’histoire (Quelle histoire, 2018), où les anciens ne sont pas sacrifiés aux modernes. On nage ainsi le crawl avec l’Hawaïen Duke Kahanamoku, médaillé d’or aux Jeux olympiques de 1912 avant d’aller populariser le surf dans le monde entier. On y rencontre aussi le Belge Hubert Van Innis (1866-1961), l’archer le plus décoré de l’histoire des JO, dont la longévité fut telle qu’il décrocha son dernier titre de champion du monde à l’âge de 67 ans ! À l’inverse, la patineuse française Surya Bonaly (née en 1973) monta sur des patins à glace dès 3 ans. Et savez-vous qu’elle inventa un salto arrière vrillé si difficile à réaliser que cette figure est désormais interdite en compétition ? Au-delà de ces choix, deux bémols toutefois concernant la forme de l’ouvrage : même si le côté manga devrait plaire à la jeune génération, les personnages dessinés ont tous un peu la même expression, et les textes sont vraiment très brefs.

De son côté, Sports, 40 champions olympiques déroule l’histoire des Jeux olympiques modernes sur le mode de la fiche d’identité. Et si la couverture attire l’œil avec le fameux geste d’archer de la flèche jamaïcaine Usain Bolt – l’un des rares sportifs célébrés par les trois ouvrages cités ici, avec le perchiste urkrainien Sergeï Bubka et la gymnaste roumaine Nadia Comaneci –, cette sélection olympique arrive presque à la parité quand les deux autres galeries de portraits ne proposent respectivement qu’un tiers et un cinquième de femmes. Le souci de remonter l’histoire des Jeux permet aussi de balayer plus d’un siècle d’exploits sportifs, depuis le berger grec Spyridon Loüis, devenu le « héros de tout un peuple » en remportant le tout premier marathon de l’histoire à Athènes en 1896, jusqu’au nageur handisport canadien Michael Edgson, qualifié d’«irrésistible dauphin ». Avec ses textes très courts, la formule est efficace, mais parfois frustrante. Ainsi, de Wilma Rudolph, la « gazelle » des Jeux de Rome 1960, il est dit qu’elle « contracte de nombreuses maladies dans son enfance », sans préciser qu’il s’agissait notamment d’une poliomyélite. Mais sa silhouette expressive donne une furieuse envie de courir et d’en savoir davantage sur cette « courageuse enfant » qui porta « un appareil orthopédique pendant cinq ans à la jambe gauche ». À noter : aucun footeux dans ces pages, ceux-ci ayant droit à leur propre volume dans la même collection. Ph.B.