« Le sentiment très fort de faire partie d’un collectif » : c’est ce que Naomi Cros, 31 ans, conserve de rencontres sportives scolaires vécues dans le Morbihan autour de l’an 2000. Un sentiment qu’elle a retrouvé comme enseignante et aujourd’hui directrice de l’école Les Ardoisières, à Sainte-Marie, au nord de Redon (Ille-et-Vilaine), où elle a relancé l’association Usep.

« Je me souviens de rencontres de secteur avec mon école de Treffléan, près de Vannes (Morbihan), où nous retrouvions chaque année les enfants des communes voisines de Sulniac et La Vraie Croix, chez les uns ou chez les autres. C’étaient des rencontres de jeux collectifs, souvent des jeux de ballons, où nous étions répartis dans des équipes mixées : nous découvrions le matin les camarades avec lesquels nous unirions nos forces durant toute la journée, dans le but commun de réunir le maximum de points. Nous attendions toujours ces rencontres avec beaucoup d’impatience.

Ce qui me plaisait, c’est que nous formions un petit groupe indépendant. Nous vivions ensemble ces ateliers et nous avions le sentiment d’être autonomes : cela avait presque quelque chose de grisant. Tout ceci avec beaucoup d’enfants et d’adultes autour de nous. Dans mon souvenir j’étais en CM1-CM2 mais, comme me l’ont confirmé mes petites sœurs, il y avait toute l’école, ce qui devait faire du monde !

Je me souviens avoir éprouvé le sentiment très fort de produire quelque chose de collectif. Et c’est peut-être aussi pourquoi j’ai continué le sport avec l’UNSS – du badminton précisément –, au collège, puis au lycée et en club.

J’ai ensuite retrouvé l’Usep comme accompagnante d’un groupe d’enfants sur une étape du P’tit Tour, lorsque j’étais étudiante à l’université de Lorient. C’était le long du Blavet, près d’Hennebont, sur un parcours parsemé d’écluses dont les éclusiers nous expliquaient le fonctionnement quand une péniche s’y engageait. En plus de la pratique du vélo, il y avait ce côté découverte, et tout le monde se retrouvait pour pique-niquer le midi. Pour la première fois de l’autre côté de la barrière, j’ai alors entraperçu tout ce volet organisation qu’on n’imagine pas quand on est enfant…

Une fois enseignante, j’ai recroisé l’Usep à l’école de Lohéac : nos classes étaient invitées à un cross solidaire par l’association Usep des Colibris de Bain-sur-Oust. J’y ai complètement retrouvé cet esprit collectif que j’avais connu enfant. Il ne s’agissait pas de mettre en avant la performance de l’un ou de l’autre mais le nombre de kilomètres parcourus par tous. Il s’y ajoutait aussi une autre dimension, solidaire cette fois, car les enfants apportaient des livres pour qu’ils soient redistribués par le Secours Populaire.

L’année suivante, j’ai donc proposé à mes collègues de créer une association Usep et, en fin d’année, nous avons organisé une rencontre balle au pied : c’est un autre genre d’émotion, avec le stress de l’organisateur, surtout pour une première, et avec pour récompense les retours enthousiastes des enfants et des parents, auxquelles nous ne nous attendions pas forcément.

Nommée cette année directrice à l’école Les Ardoisières à Sainte-Marie, un village de 2000 habitants, j’y ai relancé l’association Usep et nous avons accueilli un bal breton, qui dans le genre est une belle expression collective ! D’autres ont été annulées pour cause de Covid-19, mais nous avons encore un petit espoir de participer mi-juin une rencontre d’athlétisme pour les maternelles. Ce serait bien de pouvoir retrouver dès cet année ces émotions collectives… »