À l’école du 12e Kilomètre du Tampon, au sud de l’île de La Réunion, les enfants s’impliquent dans l’organisation des rencontres et la vie associative. L’Usep telle que la conçoit Géraldine Lauret s’appuie également sur les parents, invités à partager une pratique sportive avec les enseignants dans une association devenue une amicale pour mieux les accueillir.

Géraldine Lauret, vous animez l’Usep à l’école du 12e Kilomètre du Tampon : quelle pratique du sport scolaire se cache derrière ce nom insolite ?

Ici, ce nom n’a rien d’insolite. Il remonte à l’installation des premières habitations sur la route menant de la ville de Saint-Pierre à la côte est, qui prirent le nom du kilométrage à partir de l’océan. Cela signifie que notre école élémentaire est située à 12 km de la mer, sur les hauteurs. L’Usep y réunit 282 enfants, soit plus de 80 % des élèves, avec quasiment autant de filles que de garçons. Dans ma classe de CM2, c’est même 24 enfants licenciés sur 28 ! L’association s’occupe aussi pour l’école du volet sécurité routière et coordonne pour toutes les classes des actions de sensibilisation et de formation aux dangers de la route. L’Usep est partie intégrante de la vie de l’école, et les enfants comme leurs parents y sont impliqués.

Cela a-t-il toujours été le cas ?

Il y a 4 ans, quand l’enseignant qui s’occupait – très bien – de l’association a été muté, nous avons pris la suite avec mon collègue Alexandre Payet. Afin d’ouvrir davantage l’Usep aux parents, l’association est alors devenue une amicale Usep-Ufolep, qui compte à présent 39 licenciés adultes. Parents et enseignants réunis, nous pratiquons chaque lundi soir des activités comme le tchoukball, très populaire ici. Nous ne faisons rien sans les parents et, que ce soit pour le P’tit Tour à vélo ou toute autre rencontre, nous ne manquons jamais d’accompagnateurs. L’année est également rythmée par des moments fédérateurs comme la fête de la randonnée, où l’on participe en famille.

Quelle est la pratique sportive des enfants ?

De la maternelle au CM2, le calendrier est fourni et les rencontres sont à la fois départementales et de secteur, en temps scolaire et hors temps scolaire, y compris le mercredi et le samedi. Pour prendre l’exemple de ma classe, dix rendez-vous sont programmés cette année : des challenges de sports collectifs, du cross, une action patrimoniale intitulée « Apprenons la ville », une rencontre Usep Ping, de la randonnée, etc.

Nous proposons aussi des ateliers à la pause méridienne et après l’école, de 16 h à 17 h : basket, hand, tchoukball, danse de création, ping-pong, jeux de société, loisirs créatifs… Mais nos activités ne se limitent pas à l’activité physique. À l’Usep, j’ai découvert le débat associatif, et j’utilise sans modération cet outil qui permet aux enfants de s’exprimer. Je me mets alors en retrait, et j’observe. De cette prise de parole découle la prise d’initiatives, et l’implication des enfants dans des projets.

Par exemple ?

Par exemple, ce matin, des CP ont accueilli les enfants de grande section de l’école maternelle voisine pour une rencontre de jeux coopératifs, laquelle avait été préparée par des élèves de CM2, identifiés comme classe organisatrice. Pour les élèves qui, en début d’année, s’étaient rendus dans un centre PLEC (Parler, Lire, Écrire, Compter), ce fut l’occasion de réinvestir leurs acquis en mesurant les performances des petits : en centimètres pour le saut en longueur, ou en centilitres pour l’atelier où il fallait remplir une bouteille d’eau.

Et la participation à la vie de l’association ?

Cette participation se traduit dans les réunions régulières des délégués de classe, qui permettent de discuter des activités de l’Usep, mais aussi d’aborder la vie de l’école : un problème de discipline dans la cour, par exemple.

Au-delà, les enfants peuvent s’exprimer sur tout ce qui les concerne. Les CM2 qui préparent un voyage à Paris ont ainsi leur mot à dire sur ce qu’ils visiteront. C’est d’ailleurs à l’initiative de l’un d’eux qu’ils seront reçus à la Fondation Good Planet de Yann Arthus-Bertrand, en lien avec un atelier Canopé sur l’écologie. Autre exemple : pour leur sortie accrobranche, les enfants ont appelé eux-mêmes le prestataire, et calculé le coût de participation.

Cette culture de la vie associative est résumée par cette anecdote : lors du conseil école-collège, nos interlocuteurs ont expliqué que des élèves de 6e avaient demandé où était « la salle pour créer des projets ». Ils voulaient reproduire ce qu’ils ont connu ici…

 Vous ne pouviez donc pas manquer le Congrès des enfants l’an passé…

Ce fut une aventure dont les enfants en parlent encore. Pour le volet écocitoyenneté, ils ont notamment élaboré un « passeport écocitoyen de la rencontre sportive associative » avec l’objectif du zéro déchet, outil qui a été salué à Paris ! Et pour les deux élèves qui ont fait le voyage à Paris pour représenter La Réunion et l’Océan indien, j’ai vu ce que cela avait changé dans leur façon de s’exprimer en public. Mais ce projet a rejailli sur toute l’école, et en début d’année les enfants ont demandé si nous allions participer de nouveau ! La réponse est oui, au niveau départemental. Même si, cette fois, il n’y a pas de grand voyage à la clé, le rendez-vous est attendu avec impatience.

L’école a également obtenu le label Génération 2024

Je vois cela comme une suite logique à toutes nos actions. Nous avons récupéré le diplôme il y a trois semaines, et les enfants sont en train d’organiser la venue du judoka Mathieu Dafreville. C’est un outil supplémentaire pour animer l’association, et l’école.