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EPS-Usep : « convaincre les professeurs des écoles de leur compétence »

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Quelle complémentarité entre EPS et sport scolaire dans le premier degré ? Le regard de Jean-Baptiste Chamia, qui intervenait sur ce thème avec son collègue Franck Labrosse pour l’Association pour l’enseignement de l’éducation physique et sportive mardi 16 avril, lors du stage des dirigeants de l’Usep à Saint-Nazaire.

 

Jean-Baptiste Chiama, l’Association pour l’enseignement de l’EPS contribue à la formation continue à travers des études et des publications. Mais encore ?

L’AE-EPS, qui fêtera l’an prochain ses 90 ans, compte 1 700 membres, dont de nombreux formateurs en Staps et en Inspé. Plutôt tournée vers le collège et le lycée, elle a créé il y a trois ans un groupe ressources premier degré que je coanime. Il y a notamment parmi nous trois professeurs des écoles (dont deux ont passé ensuite le Capes), un conseiller pédagogique départemental et un de circonscription, une enseignante-chercheuse sur le premier degré et un enseignant qui entame une thèse sur l’EPS dans le premier degré. Au fil de leur évolution professionnelle, beaucoup d’entre nous se sont consacrés à la formation des professeurs des écoles. Moi-même, j’ai quasiment achevé ma carrière comme responsable du centre universitaire de formation de Cergy-Pontoise.

En quoi souhaitez-vous contribuer à l’enseignement de l’EPS dans le premier degré ?

À nos yeux, on ne peut envisager l’EPS à l’école en partant de la prééminence de la spécialité EPS du second degré. Nos compétences sont complémentaires de celles de nos collègues du premier degré et, en cela, nous pouvons les partager. Comme l’affirme l’un de nos slogans, nous voulons « construire une EPS de qualité de la maternelle à l’université ». Durant sa scolarité, un enfant est d’ailleurs censé avoir davantage d’heures d’EPS dans le premier que dans le second degré.

Et quelle est votre connaissance de l’Usep ?

J’en avais pour ma part une connaissance assez vague à travers la scolarité de mes enfants, avant d’instituer avec le délégué du Val-d’Oise de l’époque le principe de son intervention annuelle devant les professeurs des écoles stagiaires, lors d’une séance de travaux dirigés d’une heure trente. Il présentait l’Usep et son fonctionnement à partir d’un évènement, la Ronde Cyclo. Il montrait aux futurs enseignants comment le moment exceptionnel de la rencontre, vécu à la fois par les élèves et leurs enseignants, permet de mobiliser autour d’une activité physique et sportive. S’inscrire dans un projet peut aussi avoir un effet d’entrainement sur les professeurs des écoles ayant, au départ, peu d’appétence pour l’EPS.

C’est cela, la complémentarité EPS-Usep à l’école ?

Oui. Et c’est aussi un constat : en 2022, l’étude sur les écoles vitaminées à l’EPS a montré que, là où il a de l’Usep, il y a souvent davantage d’EPS, et de qualité. En raison de l’appétence des collègues ? Parce que cela s’inscrit dans un projet ? Une chose est sûre : la rencontre sportive scolaire est à l’interface entre l’EPS et l’Usep, que ce soit à l’échelle d’un enseignant et de sa classe, d’une école ou d’une circonscription. Pour les collègues en difficulté avec l’EPS, il est plus facile de se lancer dans des séquences construites avec une rencontre en point de mire. À l’autre bout du spectre, le professeur des écoles plus à l’aise ou déjà familier de l’Usep enrichira sa proposition en EPS en fonction des formes de pratique proposées.

Au vu du faible volume horaire consacré à l’EPS, les professeurs des écoles sont-ils aujourd’hui formés à l’enseigner ?

Ce ne serait pas honnête de l’affirmer. Ce volume horaire est très nettement insuffisant. De mémoire, lorsque j’étais en poste, il était de 36 heures en master 1 et de 15 heures en master 2, sachant qu’en Val-d’Oise nous accueillions beaucoup de personnes en reconversion, qui donc accédaient directement en M2. En deçà d’un certain seuil, ce n’est pas possible. Ce qui fonctionnait, c’était l’ancien modèle des écoles normales… Au-delà de cette réalité quantitative, on peut toutefois s’appuyer sur la polyvalence et l’approche transdisciplinaire qui font la spécificité des professeurs des écoles. Je m’explique : les « PE » sont trop souvent convaincus que l’EPS est une matière à part. Pourtant, en maths, en français ou en sciences, ils gèrent la classe en activant des leviers pédagogiques tout à fait transposables en EPS.

Pouvez-vous donner des exemples ?

En maternelle, je pense à la façon dont, après le rituel de l’accueil, l’enseignant ou l’enseignante engage les enfants dans des ateliers autonomes, dirigés ou semi-dirigés. Ce n’est pas plus simple que d’animer une séance en salle de motricité ! En élémentaire, je prendrai l’exemple des sciences, où une séance fonctionne sur un principe d’allers-retours à partir des expériences menées par les enfants. Sans être férus d’EPS, les professeurs des écoles possèdent les compétences pour l’enseigner. Encore faut-il les en convaincre. C’est pourquoi il est important que les formateurs en Inspé et les responsables Usep collaborent comme nous le faisions en Val-d’Oise afin que, dès leur premier poste, les professeurs des écoles sachent que l’Usep existe et peut les épauler, avec ses outils pédagogiques et des cycles d’apprentissage tournés vers l’objectif de la rencontre. Cela peut grandement modifier leur façon de voir l’EPS.

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