Dans Les Incroyables rencontres de Jo, l’escrimeuse Astrid Guyart met en scène un enfant qui découvre l’escrime, l’athlétisme, le basket et le hand avec l’aide d’un camarade. L’approche à la fois narrative et documentaire de ces 4 ouvrages a convaincu l’Usep d’en faire une ressource pédagogique pour les rencontres abordant le thème de l’olympisme.
Astrid Guyart, vous êtes membre de l’équipe de France de fleuret, ingénieure dans l’aérospatiale, et désormais auteure jeunesse. Comment en êtes-vous venue à écrire des livres pour enfants ?
Je voulais offrir un livre sur le sport à ma nièce pour ses 3 ans et je n’ai pas trouvé ce que je voulais en librairie. J’ai vu des histoires de foot et des ouvrages documentaires, mais rien qui puisse éveiller la curiosité d’un enfant, son imaginaire, et lui donner envie de faire du sport. Alors je me suis dit que ce livre, j’allais lui écrire moi-même.
Dans vos ouvrages, l’intervention d’un ou d’une camarade plus expert aide le jeune héros, Jo, à dépasser ses appréhensions ou les moqueries des autres. Cette solidarité entre enfants, c’est l’idée que vous vous faites du sport ?
Oui. Pour moi, le sport ce sont des rencontres et des histoires d’amitié. C’est ce que j’ai vécu en escrime, qui est un sport d’opposition mais aussi d’équipe. Dans le sport, on ne réussit jamais tout seul : on a des coéquipiers, des partenaires d’entraînement, des entraîneurs qui nous font progresser. Ils nous aident à dépasser les difficultés, les déceptions, et on partage avec eux les bons moments. Mes meilleurs amis, ce sont ceux que j’ai rencontré à 5 ans, quand j’ai commencé l’escrime.
L’amitié et le partage sont donc pour vous les valeurs du sport ?
Oui, et j’y ajoute le respect de l’autre, le dépassement et la découverte de soi. Car au-delà des médailles, le sport m’a surtout permis de mieux me connaître.
Comment faire passer cela dans un ouvrage jeunesse ?
En racontant des histoires toutes simples, des histoires de tous les jours, car le sport ne fait qu’exacerber des situations du quotidien : celles qu’un enfant vit à l’école, dans son quartier, avec ses camarades. Dans chaque histoire, mon personnage rencontre un futur champion ou une future championne, et c’est à travers cette rencontre qu’il va appréhender les valeurs, les habilités, les compétences qui lui permettront de dépasser la problématique de départ.
Votre héros découvre le saut à la perche, l’escrime, le basket et le handball. Pourquoi ces disciplines en particulier ?
Là encore, c’est une histoire de famille et d’amitié, puisque aussi bien mon frère Brice que des amis (tous des sportifs de renom) ont accepté de jouer les personnages secondaires. Je pars à chaque fois de leur vécu : leur expérience, leur personnalité, leurs sensations. Pour bien les connaître, je savais qu’ils possédaient toutes les qualités humaines requises pour servir d’exemple à des enfants.
C’est important, l’image du champion, pour un enfant ? Vous-même, avez-vous le sentiment d’être un modèle ?
J’hésite à parler en mon nom, mais oui, je crois. Quand je rencontre des enfants, je vois des yeux qui brillent, et souvent ils me disent : « C’est le plus beau jour de ma vie ! » Tout ça parce que je suis venue dans leur classe, que j’ai pris le temps de discuter avec eux, ou que sur une compétition d’escrime je leur ai dispensé quelques conseils. Donc oui, le sportif a un rôle social à jouer, celui de transmettre et d’inspirer, et pas seulement de se forger un palmarès.
Vous êtes-vous posé la question de l’utilisation de vos ouvrages à l’école ?
C’est plutôt l’inverse : des enseignants, notamment des institutrices, sont venus à ma rencontre en expliquant qu’ils allaient l’utiliser comme outil pédagogique en classe. Je sais qu’à l’occasion de la Semaine olympique et paralympique, en janvier, certains en ont fait le support d’une thématique sport permettant de travailler aussi le français, l’éducation civique, l’histoire, la géographie et le sport. Ils en ont fait un prétexte d’échange dans leur classe, et cela me ravit.