Eux auront eu leur finale ! Cent-vingt élèves de cours moyen de l’académie de Poitiers se sont retrouvés mardi 17 octobre au stade de Chauray, près de Niort. Au même moment, des rencontres jumelles réunissaient des centaines d’autres enfants de l’Usep au Palais-sur-Vienne (pour l’académie de Limoges) et à Mont-de-Marsan (pour l’académie de Bordeaux), afin de clore en beauté un ambitieux projet d’accompagnement de la Coupe du monde, mené avec la Ligue de rugby à l’échelle de la région Nouvelle-Aquitaine.

Ils devaient être plus de 200 enfants, représentant les quatre départements de l’académie de Poitiers. Mais les directeurs académiques des services de l’éducation nationale (Dasen) de Charente et Charente-Maritime avaient interdit la veille toute sortie scolaire. La fête n’en fut pas moins belle, qui débuta avec les applaudissements avec lesquels les locaux de l’école Saint-Exupéry de Chauray, près de Niort (Deux-Sèvres) ont accueilli leurs homologues de Valdivienne, dans la Vienne. Toutes avaient participé auparavant à un cycle d’apprentissage en EPS avec le concours des éducateurs sportifs des clubs de rugby le plus proche. Voire deux pour ceux qui y avaient eu droit en mai-juin puis en cette rentrée : c’est dire s’ils étaient au point !

Chaque classe défendait symboliquement les couleurs d’un pays engagé dans la Coupe du monde et avait fabriqué un « maillot d’encouragement » cartonné. Qu’importe si, dans la compétition diffusée à la télé, il n’en restait plus que quatre. À Chauray, l’Irlande, le Pays de Galles et le Japon n’avaient pas abdiqué. Certes, la France, l’Italie, Fidji et la Nouvelle-Zélande étaient toutefois forfait – mais ne remuons pas le couteau dans la plaie.

Afin d’équilibrer les débats, les enseignants avaient préalablement constitué dans leur classe deux équipes « débutantes » et deux « confirmées ». Ainsi répartis, sur chaque demi-journée les enfants ont participé à 4 ateliers : passes en mouvement, épervier avec un maillot pendu à la ceinture que les défenseurs doivent attraper, découverte du jeu au pied et apprentissage en douceur du plaquage au moyens de petits matelas où plonger langoureusement, et de gros boudins en mousse à enserrer de ses bras comme un gros nounours.

Le reste du temps fut consacré à de petits matchs où les essais étaient d’autant plus nombreux qu’on ne les comptait plus. Le tout sous les conseils avisés de 6 jeunes éducateurs de club, et entrecoupé d’un pique-nique pendant lequel la Dasen des Deux-Sèvres est venue discrètement échanger avec les différents acteurs présents : représentant de l’Usep, de l’Éducation nationale (les conseillers pédagogiques départementaux EPS) et de la Ligue de rugby (dont le président du comité des Deux-Sèvres).

Les rotations se sont achevées peu avant 15 heures. Mais la rencontre n’était pas terminée pour autant. Avant les rapides discours des officiels, il y eut d’abord ce formidable haka collectif, rituel maori aux accents guerriers adapté et travaillé en classe par Blandine Dufour et ses CM1 de Chauray, laquelle cheffe de chœur n’avait plus de voix après avoir animé l’atelier où les autres enfants s’étaient succédé pour assimiler de façon express texte et enchaînements. À la demande de tous les adultes présents, il y eut un bis.

Enfin, parce que petits et grands restent fascinés par les trophées, il y eut aussi la présentation de la Coupe d’Europe des clubs que les « Maritimes » du Stade Rochelais, club phare de la région, ont remporté l’an passé pour la deuxième fois consécutive. Une présentation suivie pour chaque classe d’une photo de groupe auprès de ce genre de belle pièce d’argenterie qui participe à la fabrique des beaux souvenirs.

 

Consignes claires pour public scolaire

La rencontre va bientôt débuter. Après avoir supervisé l’installation des ateliers par Amaury, Ozzy, Mathis et leurs trois autres « collègues » en formation BP Jeps rugby, Bastien Métois, conseiller technique des clubs pour les Deux-Sèvres à la Ligue Nouvelle-Aquitaine, dispense ses derniers conseils : « Faites vite entrer les enfants en activité. Donnez des consignes claires et précises, et au besoin soyez imaginatifs s’il faut adapter. » Et de préciser, en aparté : « Il convient de prendre en compte la spécificité du public scolaire, qui ne possède pas forcément les mêmes capacités motrices que celui des écoles de rugby. » Pourquoi alors faire découvrir le plaquage quand la rencontre Scolarugby repose sur le jeu « à toucher » ? « C’est une découverte ludique, avec de gros boudins en mousse. Une façon de lever les appréhensions et un premier apprentissage du bon geste, tête et épaule du bon côté, afin de ne pas se faire mal ni faire mal à l’autre. »

 

Éloge du rugby

« Chez nous à Valdivienne c’est très foot, parfois avec un problème d’état d’esprit de la part de ceux qui pratiquent en club, explique Laëtitia Raveau, enseignante et directrice de l’école Les Genêts. D’où l’intérêt de proposer un autre sport d’équipe, forcément collectif, et dans lequel j’ai remarqué que les filles entraient plus facilement. Nous avons aussi plusieurs élèves dyspraxiques dans la classe, et j’ai observé chez eux de vrais progrès et aucun découragement. Désormais, les enfants jouent aussi au rugby dans la cour de récréation, avec les ballons à leur disposition. S’y ajoute un vrai engouement de la part des parents, très présents lors de la rencontre départementale l’an passé, puis de notre tournoi d’école, cycle 3 le matin et cycle 2 l’après-midi. D’ailleurs, pendant que nos CM2 sont ici, les CM1 participent à une rencontre rugby à Chauvigny, le club de Quentin, notre éducateur des séances rugby du vendredi ! »

 

Dans le même temps, à Limoges et Mont-de-Marsan…

C’est au Palais-sur-Vienne, près de Limoges, que 10 classes de CM1-CM2 de Dordogne, Creuse, Corrèze et Haute-Vienne se sont retrouvées. Petite variante, les ateliers se déroulaient le matin, les matchs l’après-midi, et le haka collectif avant le pique-nique zéro déchet, afin de se mettre en appétit. Parmi les personnalités présentes figuraient Michel Macary, président de la Ligue Nouvelle-Aquitaine de rugby, et l’IA-Dasen adjoint, Jean Marc Gauthier. Quant aux classes de Gironde, des Landes, du Lot-et-Garonne et des Pyrénées-Atlantiques, c’est à Mont-de-Marsan qu’elles avaient rendez-vous.