Le 8 novembre, Denis Barbin et les CM1 de l’école Marcelle-Nadaud de Cozes (Charente-Maritime) ont pris le départ de la course virtuelle du Vendée Globe parmi 350 classes Usep. Ils nous font partager le journal de bord de leurs deux premières semaines de navigation. Quand le parfum du grand large et l’émulation de la compétition stimulent le travail de classe en français, géo et maths…
Dimanche 8 novembre. Nous voilà partis sur notre Imoca, « Les Cozillons en poupe », pour un voyage de 40 000 km autour du monde. Depuis septembre, le projet a fait son chemin dans toutes les têtes et nous avons déjà appris quelques rudiments de course au large à travers des vidéos sur le Vendée Globe 2016, le lexique spécifique aux différentes parties d’un voilier et l’utilisation de l’application Virtual Regatta. Charlie et Robin ont aussi engagé leur propre bateau, tout comme Gauthier, un CM2 qui a vécu la Mini-Transat avec la classe l’an passé.
Lundi 9 novembre. Premier pointage. Nous découvrons les différents skippers et, à l’aide du « tchat », nous prenons des nouvelles de nos camarades royannais, une classe de CM1 amie qui participe elle aussi à la course. Nous travaillons déjà un peu sur le parcours grâce au site officiel du Vendée Globe et à sa déclinaison junior.
Mardi 10 novembre. En lecture, nous découvrons les difficultés à venir, comme le Pot au noir. L’utilisation d’un planisphère et d’un globe nous permet de comparer les continents en dépassant les fausses certitudes liées aux projections des cartes planes.
Jeudi 12 novembre. En géographie, nous travaillons sur le Golfe de Gascogne. Nous construisons une carte et y repérons les principaux caps comme le Cap Finisterre ou la Pointe du Raz.
Vendredi 13 novembre. Pris par le virus de la course, deux élèves, Baptiste et Nohan, ont eux aussi rejoint la course avec leurs parents. Nous comparons nos trajectoires et discutons de nos choix respectifs. Les distances parcourues ou à parcourir permettent de poser et résoudre des problèmes mathématiques. Nos amis royannais ont une dizaine d’heures d’avance sur nous : un virement de bord raté de notre part, il y a quelques jours… C’est l’occasion d’expliquer par quelques schémas les deux principales manœuvres : le virement de bord et l’empennage. En sciences, nous entamons une séquence sur le mouvement.
Lundi 16 novembre. Munis d’un décamètre, nous traçons à la craie, dans la cour de récréation, la silhouette de notre Imoca, afin que chacun puisse se rendre compte de ses dimensions. Nous expliquons aux CP et aux CE1 ce que nous faisons. Leïla et Iziana sont stupéfaites : « Mais c’est énorme ! ». Des élèves montent ensuite sur le pont et jouent à tendre les voiles, tels des pirates en herbe.
Mardi 17 novembre. Chaque semaine, un élève est nommé pour relever quotidiennement les données sur l’application numérique. Reportées sur un tableau, elles permettront d’établir l’historique du voyage. Jusqu’à vendredi, c’est Baptiste qui s’y colle. Il nous donnera la température, les milles à parcourir et parcourus, la vitesse, le cap du bateau ainsi que la vitesse du vent. Nous travaillons régulièrement les allures pour comprendre pourquoi nous allons plus vite ou moins vite que le vent. Ça commence à rentrer pour tout le monde, c’est chouette. Après un peu plus d’une semaine de course, presque tous les élèves sont capables de comprendre pourquoi on choisit un cap et pas un autre. Et que la ligne droite n’est pas forcément le chemin le plus court.
Jeudi 19 novembre. Les CM1 de Royan s’apprêtent à passer l’équateur. Nous devions fêter ce passage avec eux par Skype mais il y a eu un problème de connexion. Finalement, c’est en cour de récréation qu’avec quelques élèves nous vivons l’instant où ils arrivent à 0° de latitude. Symboliquement, leur maitre leur offre un verre de soda, sirop à l’eau ou jus d’orange pour fêter dignement Neptune. L’après-midi, nous étudions la région intertropicale à travers les pays du Maghreb et les différentes îles que nous avons croisées : Açores, Canaries, Madère et Cap-Vert. Espagnols et les Portugais avaient eux aussi planté leur drapeau sur des îles du large…
Vendredi 20 novembre. Nous avons passé l’équateur hier soir vers 22 h 30, une demi-journée après nos camarades. C’était frustrant de ne pas le vivre en classe, mais nous en avons beaucoup parlé. Comme nous voici maintenant dans l’hémisphère sud, il convient de briser quelques contre-vérités : non, nous n’avons pas la tête en bas, et non, nous n’allons pas vers le chaud malgré les températures tropicales dont profitent actuellement les skippers. Nous suivons tout particulièrement Alex Thomson, dont le bateau nous plait beaucoup. Nous regardons des vidéos sur lui et Mya a réalisé une magnifique maquette de son Imoca avec son père. En sciences, nous continuons à étudier comment se forme le mouvement. Nous faisons le parallèle avec les bateaux. Nous prenons aussi des nouvelles des voiliers de Baptiste, Nohan, Gauthier et Charlie. Ils ne devraient pas tarder à franchir l’équateur à leur tour. Le groupe de tête a toujours eu du vent, pas les autres. C’est injuste mais c’est comme ça !
Lundi 23 novembre. Cette semaine, c’est Robin qui relève les données sur l’ordinateur. Peu à peu, les températures baissent. En géographie, nous construisons toujours des cartes et apprenons à réaliser des légendes. Nous étudions tout particulièrement les continents et les océans. C’est plus facile de retenir les noms quand on met du sens dans ce qu’on fait. Car nos connaissances nous permettent de mieux comprendre le parcours de la course.
Mardi 24 novembre. En français, nous continuons à rédiger le journal de bord de la classe. Il s’agit d’une dictée à l’adulte, afin de réaliser un écrit commun. Bientôt, nous produirons aussi des écrits personnels afin de mettre en valeurs les sentiments, les sensations, les doutes et les joies d’un skipper.
Jeudi 26 novembre. À l’aide d’un Atlas, nous découvrons dans le détail l’Amérique du Sud : le nom des pays, leur capitale. Nous avons aussi repéré le cap Horn et le fleuve Amazone. Du coup, nous avons observé la différence entre une carte politique et une carte physique. En travaillant sur la latitude et la longitude, nous repérons le méridien de Greenwich et faisons un petit exercice pour repérer les bateaux sur un planisphère. Pas facile !
Vendredi 27. Nous achevons notre deuxième semaine de navigation. Toute la classe est ravie de vivre la course. En rentrant de récréation, pour calmer les énergies, nous regardons souvent une vidéo de skipper : aujourd’hui, Jean Le Cam. En musique, on apprend deux chants : « Le vent dans les voiles », des Enfantastiques, et « La Baleine bleue » de Steve Waring. De quoi mettre une bonne ambiance maritime avant Noël.